Selon le rapport annuel de la Fédération Internationale de l’Industrie Phonographique (IFPI), environ 40 milliards de fichiers musicaux ont été téléchargés illégalement en 2008: 95 % des fichiers téléchargés n’ont rien rapporté aux artistes, ni aux producteurs. Pour réaliser cette estimation, l’IFPI a réuni plusieurs études couvrant 16 pays, sur une période de trois ans. Pour faire face aux nouvelles pratiques et aux nouvelles technologies, les éditeurs musicaux ont été contraint de refondre leur modèle économique.
En 2008, le marché international de la musique numérique a connu sa sixième année d’accroissement, pour atteindre 3,7 milliards de dollars (US$). Les plates-formes de téléchargement en ligne représentent dorénavant 20% des ventes de musiques numériques, contre 15% en 2007. Les ventes de musique ont été portées par la « révolution mobile », qui génère, en pourcentage, plus de revenus que les journaux (4%), les magasines (1%) et l’industrie cinématographique (4%) réunis.
Le rapport souligne que, dans le même temps, de nouvelles pratiques ont facilité l’accessibilité de la musique, et notamment les nouveaux services des éditeurs de musique, le développement des réseaux sociaux et des outils informatiques collaboratifs, l’essor des supports de licences (canaux tels que MySpace Music, Nokia Comes With Music, nouveaux services des fournisseurs d’accès à l’Internet (FAI), comme par exemple Neuf Cegetel en France, TDC au Danemark, BSkyB au Royaume-Uni ou TeliaSonera en Suède).
Pour préserver leurs positions stratégiques et les emplois qui en dépendent, l’industrie phonographique a élaboré un nouveau modèle économique, associant plus étroitement les fournisseurs d’accès à internet et les entreprises de diffusion. Ainsi, plusieurs accords ont été conclus avec YouTube, leader actuel de la diffusion en flux de videos (« streaming »), et avec des publicitaires.
Les services de téléchargement de musiques « à-la-carte » sont également en plein essor. C’est le cas d’AmazonMP3, par exemple, qui a rejoint le marché européen au cours de l’année 2008. Certains distributeurs ont fait le choix de diffuser des fichiers libres de toute mesure techniques de protection. Ainsi, toujours selon le rapport de l’IFPI, en janvier 2009, iTunes annonçait la mise sur le marché de 8 millions de pistes musicales dépourvues de mesures techniques de protection, à des prix variables.
L’industrie du jeux video a également favorisé l’essor du commerce des fichiers musicaux en ligne.
Le rapport de l’IFPI pointe également les conséquences néfastes du piratage pour la promotion de jeunes artistes. En France, au cours de la première moitié de l’année 2008, les albums réalisés par de jeunes artistes ont chuté de 16%, et le répertoire « national » ne représentait que 10% (contre 15% pour la première moitié de l’année 2005). En Espagne, entre janvier et novembre 2008, seulement un nouvel artiste espagnol a accédé au Top50 des meilleures ventes (contre 10 au cours de l’année 2003).
Selon l’IFPI, le renforcement des partenariats avec les FAI apporterait une réponse aux profondes mutations des comportements des consommateurs. A ce titre, le rapport cite le récent projet de loi français favorisant la diffusion et la protection de la création sur l’internet, actuellement en cours de discussion entre les Assemblées, Ce projet prévoit un mécanisme de « riposte graduée », dont l’une des sanctions consiste à couper l’accès à l’Internet du contrefacteur. Le Entertainment Research Center du Royaume-Uni conclut que 72% des internautes stoppent spontanément le téléchargement illégal après réception d’une invective provenant de leur FAI. De même, selon un sondage d’IPSOS réalisé en mai 2008, 74% des français considèrent que la rupture de la connexion à l’Internet est une sanction préférable à la condamnation pénale.
L’idée de solliciter les FAI n’intéresse plus seulement la France et le Royaume-Uni: la Nouvelle-Zélande interroge actuellement les FAI pour déterminer quels sont les abonnés responsables de multiples infractions aux droits d’auteur. De même, des débats de cette nature voient le jour aux USA, Italie, Australie, Hong Kong, Corée du Sud et Japon.
Source: Digital Music Report 2009, publié par la Fédération Internationale de l’Industrie Phonographique, Janvier 2009.